Après-demain : prévenir la maladie par les neurostéroïdes

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Après-demain : prévenir la maladie par les neurostéroïdes
Dr Yvette Akwa du Kremlin-bicêtre

Nous connaissons les hormones stéroïdes, molécules synthétisées par les glandes surrénales et les gonades. Avec le Dr Yvette Akwa, chargée de recherche à l’unité Inserm 788 au Kremlin-Bicêtre, nous allons faire connaissance avec les neurostéroïdes, des stéroïdes présents et actifs dans le cerveau.

Quelle est l’origine du terme « neurostéroïdes »?

Ce terme a été introduit  dans les années quatre-vingt à la suite de la découverte, chez le rat, que le cerveau pouvait fabriquer ses propres stéroïdes, indépendamment des glandes endocrines périphériques, à savoir les glandes surrénales (synthétisant les corticostéroïdes) et les gonades (produisant les hormones sexuelles, les oestrogènes et la progestérone chez la femme, la testostérone chez l’homme). Dès lors, toute une série de travaux central à partir du cholestérol, chez de nombreux mammifères (y compris l’humain), et les enzymes participant à leur biosynthèse ont pu être identifiées. Parmi les principaux neurostéroïdes, on retiendra la prégnénolone, la progestérone et leurs dérivés.

Quels sont les effets des neurostéroïdes ?

Les neurostéroïdes sont dotés d’une pléiade d’effets : sur la mémoire, l’anxiété, la réponse au stress, la dépression et aussi sur le sommeil et la douleur. Si on se focalise sur la relation entre neurostéroïdes et mémoire, elle est mise en évidence chez le rongeur à deux niveaux : certains neurostéroïdes sont capables d’induire une amélioration spontanée des performances mnésiques, et aussi de restaurer des déficits mnésiques induits par des agents extérieurs, par le vieillissement ou encore par des peptides bêta-amyloïdes.

Encore d’autres potentialités ?

A côté de leurs effets sur la mémoire, les neurostéroïdes sont capables de protéger les neurones, dont ceux de l’hippocampe, structure clé de la mémoire, lorsqu’il y  a accumulation anormale de la protéine bêta-amyloïde, conduisant à une neurodégénérescence.

Que sait-on des neurostéroïdes chez l’homme âgé ou malade ?

Pour répondre à cette question, il faudrait pouvoir résoudre celle de la concentration en neurostéroïdes du cerveau. Il est difficile de ne se baser que sur les taux de stéroïdes sanguins car ils ne reflètent pas totalement ce qui se passe dans le cerveau. Par une méthode biochimique d’identification rigoureuse et de dosage spécifique des stéroïdes, notre équipe a pu déterminer les concentrations de plusieurs neurostéroïdes dans différentes régions de cerveaux post-mortem de patients âgés non-déments ou atteints de la maladie d’Alzheimer.

Que ressort-il de cette comparaison ?

Chez les patients Alzheimer, les concentrations en neurostéroïdes sont plus basses que chez les non-déments, avec une différence encore plus marquée pour certains neurostéroïdes. De plus, dans les régions cérébrales où les concentrations sont les plus basses, on trouve la plus grande quantité de protéine bêta-amyloïde accumulée dans les plaques et de protéine tau hyperphosphorylée, marqueur de la dégénérescence neurofibrillaire. Ces résultats suggèrent fortement un rôle neuroprotecteur de certains neurostéroïdes dans la maladie d’Alzheimer.

Quel est le débouché de ces recherches ?

Les neurostéroïdes sont des molécules fascinantes qui pourraient être utilisées dans divers états physiologiques et pathologiques du cerveau humain. En particulier, grâce à leur action stimulante de la mémoire et leurs effets neuroprotecteurs, ils apparaissent comme des candidats prometteurs pour la prévention ou le traitement de la maladie d’Alzheimer à un stade précoce. Cependant, des études préalables sont nécessaires avant d’envisager leur administration (ou celle d’analogues de synthèse).

 

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