Stress chronique, anxiété, dépression altèrent significativement la mémoire. Il importe de savoir distinguer ces atteintes de celles causées par la maladie d’Alzheimer.
Quelle relation entre stress, anxiété et mémoire ?
Nous l’avons tous déjà éprouvé lorsque nous sommes placés en situation de stress (temporaire !), par exemple un travail important à rendre à une date fixe et proche. On constate l’oubli du contenu d’un mail lu le matin, d’une demande téléphonique reçue il y a quelques jours.
Heureusement, ces situations vécues sont limitées dans le temps et l’on reprend vite nos potentialités cognitives. Elles permettent cependant d’appréhender le lien qui existe entre stress et mémoire.
Lorsque le stress devient chronique, la situation est nettement plus grave. Le stress chronique entraîne des lésions dans les neurones des structures du cerveau qui décrivent le système limbique (hippocampe, amygdale, gyrus cingulaire). Dentrites et neurones s’atrophient. Le phénomène de régénération des neurones (neurogenèse) se réduit. Ces modifications altèrent au long cours les processus de mémorisation.
L’anxiété va altérer les possibilités de fixation mnésique. Elle est à l’origine d’un grand nombre de plaintes mnésiques. Évaluée par des tests, l’importance du dysfonctionnement mnésique n’est pas corrélée à celui de la plainte. Tout vient en fait de l’altération des possibilités d’attention. Le traitement de l’anxiété par les médicaments (anxiolytiques à faible dose et pendant une durée limitée) ou par la relaxation permet d’y remédier.
Quelle relation entre dépression et perte de mémoire ?
Les sujets dépressifs se plaignent souvent de leur mémoire. En fait, les résultats des tests de mémoire pratiqués sur les sujets dépressifs sont peu différents de ceux réalisés sur les sujets normaux. Les plaintes de mémoire des dépressifs sont en fait disproportionnées par rapport à la réalité mise en évidence par les tests.
La dépression est responsable de troubles cognitifs parmi lesquels prédominent les troubles attentionnels. Ce sont ces difficultés attentionnelles qui perturbent l’apprentissage au quotidien sans que les tests de mémoire soient perturbés. La dépression altère également les possibilités de motivation.
De même que pour le stress, lorsque la dépression est sévère et se prolonge, cela retentit sur les structures mêmes du cerveau. Il est alors possible d’observer une atrophie de l’hippocampe.
Maladie dépressive | Maladie d’Alzheimer |
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Les antécédents dépressifs sont fréquents, parfois très anciens | Les antécédents dépressifs sont peu fréquents, voire inexistants |
l’installation de la maladie est rapide | l’installation est progressive |
la progression de la maladie est rapide | la progression est insidieuse, lente. |
la plainte est centrée sur les troubles cognitifs. Leur importance est exagérée | la plainte n’existe pas car les déficits sont négligés ou cachés |
le patient n’a aucune envie de répondre aux questions. Il ne s’investit pas dans les tâches proposées. Sa réponse type est « je ne sais pas » | le patient est désireux de répondre mais ses réponses peuvent n’avoir aucun sens. Il s’applique à effectuer les tâches proposées. Sa réponse est du type « presque exacte ». |
l’atteinte de la mémoire des faits récents est comparable à celle des faits anciens | l’atteinte de la mémoire des faits récents est beaucoup plus marquée que celle des faits anciens |
l’attention et la concentration sont conservées | l’attention et la concentration sont diminuées |
l’orientation temporo-spatiale est intacte | l’orientation temporo-spatiale est troublée |
l’humeur du patient est au désespoir, à la tristesse et un sentiment de culpabilité peut-être présent | l’humeur du patient est labile mais il n’existe pas de sentiment de culpabilité |