Chacun connaît la fatigue, un symptôme extrêmement banal puisqu’on estime que près de 7 millions de Français en souffrent régulièrement, cette fatigue génère 5 millions de consultations par an. Derrière cette fatigue habituelle et universelle se cache un état plus invalidant, car chronique, persistant depuis plus de 6 mois et survenant brutalement, parfois après un accident infectieux. On parle de “syndrome de fatigue chronique”, ou SFC, à défaut d’une terminologie plus précise. On estime que 1 500 000 Français seraient concernés par un SFC.
En effet, ce syndrome reste encore mystérieux et génère de multiples études et de nombreuses interrogations. Rappelons que sa première description exhaustive ne date que du début des années 1980 et sa première classification consensuelle de 1994 ! Mais, surtout, le discours du “fatigué chronique” est malheureusement devenu inaudible pour l’entourage las de cette situation incompréhensible.
“Comment peux-tu être fatigué tous les jours puisque tu ne fais rien ! Et puis de toute façon, tous les examens sont normaux. C’est dans ta tête que ça se passe”. Un jugement définitif qui ajoute encore plus à la détresse psychologique des malades qui ne se sentent plus entendus. Ils vont alors s’évertuer à décrire ce qui les affecte au travers de superlatifs et de lieux communs qui, en définitive, vont banaliser leur pathologie, même auprès de leurs médecins, las de ce qu’ils ne peuvent expliquer et notamment guérir. En effet, ces derniers, irrités parfois par la richesse de symptômes si disparates, sont souvent déroutés devant cette fatigue qu’ils n’arrivent pas à cerner, à étiqueter ou à relier à une pathologie donnée. Une fatigue qui échappe à leurs classifications habituelles, qui est bien différente des autres types de fatigue déjà rencontrés, facilement explicables ceux-là, car dépendants de l’environnement, de l’état de santé, des pathologies ou tout simplement de l’hygiène de vie. D’une certaine façon, une fatigue chronique est le symbole d’un échec médical de diagnostic et de traitement. Une fatigue qui va s’avérer destructrice, très handicapante pour le malade qui voit sa vie sociale, familiale, relationnelle ou professionnelle fortement perturbée et réduire au minimum nécessaire.
Une difficulté de diagnostic donc, d’autant que le SFC partage de nombreux points communs avec d’autres pathologies comme la fibromyalgie. Tout comme le SFC, l’identification de cette pathologie et sa “reconnaissance ” internationale sont récentes puisqu’elles datent du début des années 1990 seulement. Comme le SFC, la fibromyalgie comporte une fatigue très importante ainsi que des douleurs diffuses. Leur origine reste incertaine et le traitement médicamenteux spécifique est inexistant ou décevant. Si une partie des malades récupèrent, l’autre en revanche garde des séquelles. Dans les deux cas, et à défaut de mieux, l’amélioration provient de la pratique d’activités physiques et des thérapies comportementales.
Chercher l’origine du SFC et de la fibromyalgie demeure donc un enjeu majeur pour les spécialistes en quête de réponses, mais aussi et surtout pour les milliers de personnes qui souffrent de ces pathologies désespérantes.