Les vêtements ! Car s’il y a un domaine où l’on accumule encore davantage que le maquillage et où l’on achète non-stop, c’est bien celui-là, Le problème, c’est que ça alimente la mode rapide “fast fashion”, la 2ᵉ industrie la plus polluante au monde après le secteur pétrolier (80 milliards de vêtements fabriqués chaque année) !
La fast fashion, qu’est-ce que c’est ?
“Fast fashion” définit le fonctionnement actuel des marques de prêt à porter classiques : on renouvelle les collections ultra rapidement, les tendances arrivent et disparaissent en un claquement de doigts, rendant vos derniers achats complètement démodés après seulement quelques mois. La qualité est souvent médiocre, pour obtenir un produit bon marché, H&M, Zara, Camaïeu, Mango, Promod…. Lorsqu’on entre dans une démarche zéro déchet, on les évite le plus possible !
2 raisons de refuser la “fast fashion”
Les conditions de travail terribles des ouvriers
Dans les immenses usines de fast fashion, principalement en Inde, en Chine ou au Bangladesh, tout est fait à moindre coût. Résultat, les conditions de travail sont irrespectueuses des ouvriers. Ceux-ci sont exploités, mal payés et maltraités, exposés à des produits toxiques et à des risques (comme l’effondrement du Rana Plaza le 23 avril 2013, qui a tué près de 1200 ouvriers), ce sont même parfois des enfants…
La demande insoutenable de ressources
La fast fashion impacte aussi l’environnement : la demande est très élevée, la production énorme et nécessite des ressources faramineuses (eau, coton, pesticides, teintures…) mais l’utilisation des produits est minime. Beaucoup de vêtements finissent leur vie en décharge en n’ayant presque jamais été portés. Pire, des marques jettent les vêtements invendus (et les lacèrent pour éviter qu’ils soient récupérés) lorsque la tendance éphémère est passée ! Le gaspillage des ressources est énorme et la pression sur la planète importante.
Une femme zéro déchet, libre et responsable !
Un dressing zéro déchet nécessite donc un peu de réflexion pour trier et choisir les vêtements qui méritent d’y trouver une place, en accord avec vos valeurs. La démarche ? Remplacer les vêtements de la “fast fashion” par ceux qu’on aime, pour se détacher peu à peu de son mode de consommation et se diriger vers du plus durable. C’est pourquoi la première étape est de jeter les vêtements qui ne conviennent plus à votre nouvel état d’esprit. Ok, on crée des déchets, mais c’est pour ne plus en refaire ! En vous éloignant de cette mode qui change à toute vitesse, vous verrez, vous vous sentirez aussi plus libre : vous pourrez choisir des pièces qui vous plaisent vraiment, à VOUS ! Soyez une femme bien dans ses baskets (ou ses escarpins) avec un dressing qui vous convient ! Plus de vêtement superflu, uniquement ce dont vous avez besoin et qui vous va réellement.
Ma garde-robe capsule : le dressing minimaliste, mais stylé !
Moins, mais mieux, c’est le principe de la garde-robe capsule. La méthode de Courtney Carver, qui a lancé son “project 333” en 2010 ? Composer un ensemble de 33 vêtements, y compris les accessoires, les bijoux, les manteaux et les chaussures. Cet ensemble vous suivra le temps d’une saison. Au bout de 3 mois, vous changerez les objets qui ne vous plaisent plus ou qui ne correspondent plus à la saison. Vous ne sélectionnez que quelques pièces que vous aimez réellement et dans lesquelles vous rayonnez. Ainsi, vous profitez quand même du plaisir (si c’en est encore un pour vous après votre détox !) d’aller faire du shopping 4 fois par an. C’est plus que d’autres méthodes, comme celle de Béa Johnson, qui n’achète des vêtements que 2 fois par an.
Voici les règles pour créer sa garde-robe capsule parfaite !
- Choisissez une palette de couleur assez neutre (beigne, noir, bleu marine, vert kaki) et ajoutez-y quelques éléments de couleur.
- Ne vous entourez que de vêtements que vous aimez vraiment, qui vous vont comme un gant, dont la matière est agréable et de qualité.
- Définissez vos besoins. Objectivement, de combien de hauts, pantalons, robes, chaussures avez-vous besoin ? Faites des listes de ce que vous possédez et de ce que vous posséderiez dans la garde-robe minimaliste de vos rêves. Expérimentez et ajustez pour trouver ce qui convient le mieux à votre style de vie : pas trop ni trop peu, juste ce qu’il vous faut !
- Conservez des pièces versatiles, que vous pouvez porter de plusieurs manières différentes. Vous vous en lasserez moins vite. Elles doivent aussi pouvoir se mixer avec un grand nombre des 33 autres.
- Créez vos looks favoris et prenez-les en photo pour en garder une trace. Les jours où vous serez moins inspirée. Vous pourrez piocher dans ces idées.
- Utilisez certaines pièces pour plusieurs saisons. À la fin de vos 3 mois, lorsque vous revoyez votre liste de 33 pièces pour les 3 mois suivants, n’hésitez pas à repiocher dans les vêtements que vous avez déjà, que vous aimez encore et qui conviennent toujours à la nouvelle saison. Vous pouvez stocker les autres si vous pensez les remettre (mais ne les oubliez pas l’année suivante !) ou vous en séparer définitivement pour faire de la place dans vos placards.
J’hésite, j’hésite….
Si certaines pièces vous font hésiter mettez vos vêtements sur des cintres et tournez le crochet du cintre vers vous. Dès que vous avez mis un vêtement, retournez le cintre. En quelques semaines, vous verrez quelles pièces vous ne portez jamais et dont vous pouvez vous séparer.
Où jeter ce que je ne garde pas ?
Je donne ou je réutilise
Une fois le tri terminé, il faut se débarrasser au plus vite de ce qu’on ne souhaite pas garder pour éviter la tentation de le récupérer ! Favorisez bien entendu le don ou la réutilisation (pour des projets couture, par exemple) avant de recycler ou de jeter. Les sites et groupes Facebook de don ou de vente d’objets d’occasion pullulent, cherchez ceux de votre région. Passez par Vinted pour la vente en ligne. Vous pouvez également participer à un vide grenier ou organiser un vide-dressing entre copines !
Les bornes de recyclage de vêtements, est-ce que c’est bien ?
Les vêtements et la petite maroquinerie (sacs à main, ceintures, chaussures), ainsi que le linge, peuvent être déposés dans les points de collecte. Les vêtements en bon état seront revendus en friperie, ceux ayant des taches ou des trous seront utilisés comme torchons pour les industries. Enfin, les vêtements les plus abîmés seront déchiquetés, puis transformés en un isolant pour les maisons, le Metisse®. Mais cette solution est loin d’être parfaite, puisqu’une grande partie de nos vêtements est revendue en Afrique à la tonne, souvent mal triée avec de nombreux vêtements qui ne sont pas revendables, et finit en décharge.
Attention aux marques qui récupèrent vos vieux vêtements pour les recycler contre promotions, c’est souvent du greenwashing qui leur permet de faire encore plus de profit. L’autre raison cachée de ces opérations est souvent la pénurie de coton. Pas très éthique, finalement !
Comment bien choisir les vêtements que j’achète ?
L’industrie de la mode porte peu d’attention à l’écologie, même si certaines marques commencent à faire des efforts par conscience éthique ou juste par greenwashing. C’est à nous, consommatrices, de choisir les vêtements et les modes de production que nous souhaitons promouvoir !
Le greenwashing, c’est quoi ?
C’est un procédé marketing utilisé par les entreprises. Il s’agit de se créer une image green imméritée, à des fins commerciales.
Je mise sur les labels
Les deux plus connus sont GOTS® (Global Organic Textile Standard) et Oeko-Tex® Standard 100. Le premier certifie les textiles biologiques, écologiques et éthiques tout au long de la chaîne de production. Les métaux lourds sont bannis, ainsi que les agents blanchissants comme le chlore, les OGM ou encore certains colorants toxiques. Les eaux usées sont retraitées. Le travail forcé et le travail des enfants sont interdits, les conditions de travail sont améliorées, les salaires suffisants. Le second n’indique pas forcément que le vêtement en textile biologique, mais il assure la non-toxicité de tous ses composants, y compris boutons ou fermetures Éclair.
Je privilégie les matières naturelles
Certaines sont animales (laine, soie, cachemire, angora, cuir…), d’autres végétales (coton, lin, chanvre, ortie). Certaines sont artificielles, issues de la transformation de plantes (viscose, lyocelle qui peut aussi s’appeler modal, Tencel® ou Cupro®). À vous de faire votre choix selon votre goût et votre éthique, mais gardez en tête le top des textiles polluants : le polyester, le coton conventionnel, la laine et la viscose. En effet, le coton traditionnel demande des quantités d’eau et de pesticides astronomiques, le synthétique est issu du pétrole et donc polluant en plus d’être non durable, la viscose a un processus de fabrication ultra-polluant (elle nécessite des produits chimiques agressifs comme la soude caustique). A la place, privilégiez les matières naturelles. Le chanvre, le lin et les orties poussent en France, et ces alternatives peu connues se développent de plus en plus, profitons-en pour nous habiller localement ! Vous pouvez aussi opter pour des vêtements à base de textiles recyclés, et dans ce cas, le polyester est bien plus envisageable même s’il reste polluant.
Machine à laver de la mort
A chaque passage en machine des vêtements synthétiques (polyester, acrylique, polyamide), de petits morceaux de tissu (donc de plastique) se détachent et poursuivent leur course jusque dans nos océans ou dans notre eau courante, trop petites pour être efficacement filtrées. Elles sont responsables d’une part importante de la pollution des océans.
cuir ou not cuir ?
Selon l’éthique végane, le cuir est à éviter. Acheter du cuir soutient les élevages (notamment chinois) intensifs aux conditions horribles et entraîne la mort d’animaux : très souvent, ce ne sont pas les mêmes qui produisent la viande et le cuir. Sa production pose aussi problème d’un point de vue environnemental : elle est extrêmement polluante, surtout lors du processus de tannage qui consiste à traiter la peau avec du chrome ou de l’aluminium, souvent rejetés sans traitement dans les cours d’eau voisins. L’impact environnemental peut être plus acceptable grâce au tannage végétal, d’autant plus que le cuir est une matière ultra-résistante et durable, donc plutôt zéro déchet (achetez-les d’occasion pour une démarche doublement zéro déchet). Les alternatives au cuir se développent avec des matières à base de feuilles d’ananas ou de champignons, ou encore souvent de plastique, également polluant. A vous de peser le pour et le contre !
La couleur aussi ça compte !
Eh oui, car les teintures sont souvent très polluantes. De nombreuses usines ne prennent même pas la peine de retraiter leurs eaux avant de les relâcher directement dans la nature ? On préfère donc éviter toutes les couleurs trop flashy : elles n’ont rien de naturel et ont probablement demandé une grande quantité d’eau et de produits polluants. Allez plutôt vers les couleurs naturelles, fréquemment moins teintées, et choisissez des vêtements certifiés Oeko-Tex® pour éliminer les teintures polluantes. Vous pouvez aussi tourner vers des méthodes de teinture artisanale ou maison, à base de produits naturellement colorants comme le curcuma.