Du fait de son début souvent brutal, marqué par un syndrome “pseudo-grippal”, l’origine infectieuse a été la première suspectée. Tour d’horizon des maladies infectieuses incriminées.
La piste infectieuse a été longtemps privilégiée pour expliquer le SFC. D’autant que début des années 1990, les médecins parlaient “d’épidémie de fatigue chronique”. Avant sa dénomination officielle en SFC, cette pathologie était qualifiée de fatigue “post-infectieuse” du fait de l’apparition simultanée de cette fatigue avec un syndrome pseudo-grippal : courbatures, fièvre modérée, adénopathies, céphalées, douleurs pharyngées. Une hypothèse séduisante, car les maladies infectieuses, comme les hépatites virales, laissent fréquemment la place à une fatigue persistante bien après la fin de l’épisode infectieux. Et nombreuses d’entre elles peuvent persister à l’état latent et faire parler d’elles à l’occasion de la résurgence de l’agent infectieux, comme l’herpès par exemple, responsable du bouton de fièvre, ou encore des candidoses qui peuvent rester quiescentes au niveau génital. L’infection serait en quelque sorte un révélateur du SFC, un facteur déclenchant qui favoriserait seulement son émergence, mais ne serait pas directement à l’origine.
Des anticorps persistants…
Ainsi, nombre de patients atteints de SFC ont des taux d’anticorps élevés contre les agents infectieux suspectés d’être à l’origine du SFC, et ce, plus que dans la population générale. De là à les incriminer dans la physiopathologie du SFC, il y a un pas… que n’ont pas franchi les spécialistes qui sont incapables de déterminer si ces infections sont encore actives et responsables du SFC ou simplement inactives ou réactivées à l’occasion de l’apparition du SFC.
…. et la présence d’une enzyme d’origine infectieuse.
Autre argument plaidant en faveur d’une origine infectieuse, la découverte d’une forme d’enzyme anormale, la ribonucléase-L chez les personnes touchées par un SFC (72% des SFC la possèdent contre 1% de la population générale). Cette enzyme anormale provient de la dégradation d’une enzyme normale, la ribonucléase-rnase, au cours d’une infection virale. Mais comme précédemment, cette enzyme anormale n’est pas spécifique du SFC.
La mononucléose surtout
La mononucléose infectieuse, ou “maladie du baiser”, est celle qui a suscité le plus d'”espoirs” dans la physiopathologie du SFC. Dans cette pathologie due au virus “Epstein-barr” (VEB) transmis par la salive, la fatigue persiste de nombreux mois après l’épisode infectieux proprement dit. Une équipe américaine vient récemment de montrer que 100% des SFC examinés avaient déjà été en contact avec le VEB et que 72% voyaient l’infection se raviver. Des chiffres que l’on doit prendre avec précaution lorsqu’on sait qu’une grande majorité de la population a déjà été en contact avec le VEB. En outre, rien ne dit que l’activité soudaine du VEB n’est pas le fait du SFC.
Traiter ne change rien ou presque
Un autre argument plaide en faveur de l’absence de relation entre les maladies infectieuses et l’apparition d’un SFC : le traitement ciblé contre le germe incriminé ne modifie pas l’évolution générale de la maladie, même si la part de fatigue occasionnée par l’infection peut être améliorée du fait de la suppression de l’infection. Rappelons que lors d’une infection localisée ou généralisée, certains globules blancs (lymphocytes, monocytes…) vont fabriquer des substances appelées “cytokines” chargées de stimuler les cellules du système immunitaire, dont les globules blancs eux-mêmes. Les cytokines sont responsables notamment de la fatigue ressentie lors d’une infection. Ce sont d’ailleurs les sytokines qui provoquent la fièvre.
L’hyper-réactivité aux antigènes environnementaux
Il s’agit d’une susceptibilité exacerbée aux antigènes qui recouvrent certaines bactéries (mycoplasme, chlamydiae) et champignons (candida) que l’on retrouve sur la peau ou sur les muqueuses. Il existerait un déséquilibre de la flore intestinale avec comme conséquence une multiplication de germes pathogènes qui stimuleraient les lymphocytes T. Ces derniers synthétiseraient des cytokines qui vont abaisser le seuil de fatigue.
Autres germes incriminés
- l’herpès virus humain de type 6 (HHV6)
- les chlamydiae
- les mycoplasmes
- la brucellos
- les rickettsioses
- virus des hépatites
- les cadidas
- les staphylocoques