Un mauvais sommeil, aussi bien sur le plan de la quantité que sur celui de la qualité, induit des failles dans les processus de mémorisation et des défauts d’apprentissage.
On utilise souvent l’image du train pour illustrer le sommeil. En premier, la locomotive. Elle représente l’endormissement. Puis les wagons. Chaque wagon représente les cycles de sommeil. Tous les wagons ont la même taille : chaque cycle dure 90 minutes. Pour arriver à destination, c’est-à-dire se réveiller avec le sentiment d’avoir bien dormi, il faut avoir accompli un voyage de 5 ou 6 wagons. Entre les wagons : de très courts éveils. Le plus souvent, ils passent inaperçus. Héritage animal ancestral, on se réveille pour voir si tout va bien.
On apprend et mémorise en dormant
Si tous les wagons ont la même taille. Autrement dit, durent 90 minutes, ils n’ont pas tous la même composition. Dans la première partie de la nuit, les wagons sont plus chargés en sommeil à ondes lentes, ou sommeil lent : dans la seconde partie, en sommeil à ondes rapides, ou sommeil paradoxal. Chacun de ces deux sommeils a des caractéristiques différentes, notamment sur l’apprentissage et la mémoire.
Le sommeil lent est placé sous le signe de la récupération aussi bien physique qu’énergétique. Ce sommeil calme interfère de façon prépondérante avec l’apprentissage en préparant les informations de la journée passée en vue de leur traitement ultérieur par le sommeil paradoxal. Il joue alors le rôle de filtre et de calibreur.
De plus, le sommeil lent profond aurait un rôle “d’entretien du mental rationnel” en favorisant la mémorisation des faits rationnels logiques produits par le cerveau gauche. Le sommeil paradoxal se caractérise par une dépense d’énergie cérébrale de grande ampleur. Il est indispensable à la récupération psychique et favorise des activités mentales très originales, dont le rêve.
L’apprentissage est, lui aussi, privilégié, en particulier celui des tâches complexes et nouvelles. Mémoire à long terme et gestion des émotions sont aussi au programme du sommeil paradoxal. Il y aurait également confrontation entre nos programmes instinctifs innés avec l’activité cognitive de l’apprentissage.
Ainsi, un mauvais sommeil, aussi bien sur le plan de sa quantité que de sa composition, induit des failles dans les processus de mémorisation et des défauts d’apprentissage.
Avec l’âge, le sommeil se modifie
Avec l’avancée en âge, il est fréquent de se plaindre de la qualité de son sommeil. Plutôt qu’un “mauvais” sommeil, il s’agit plutôt d’une modification du sommeil inhérente à l’avancée en âge. L’âge modifie la composition du “train du sommeil” en plusieurs endroits :
- Le nombre de wagons diminue : le besoin de sommeil décroît (en moyenne 6 heures)
- les éveils entre les cycles sont plus longs : la personne se rendort moins facilement et s’en souvient le lendemain, lui laissant l’image d’une mauvaise nuit
- le sommeil lent est quantitativement moins présent, induisant un sommeil plus léger et une plus grande susceptibilité au réveil.
D’autres facteurs externes se surajoutent. Les repères synchronisateurs (le travail, l’activité physique, intellectuelle) s’évanouissent. Des maladies intercurrentes empêchent le sommeil : douleurs rhumatismales, arthrose, maladies respiratoires et cardio-vasculaires, anxiété et dépression de la personne âgée…