C’est en tout cas ce que l’on pensait jusqu’à ce qu’une grande étude américaine vienne semer le trouble.
S’il est reconnu que le THM augmente le risque de cancer du sein (de façon minime), les médecins affirmaient il y a encore quelques mois que ce risque était compensé par les bénéfices attendus en termes de prévention cardiovasculaire, argument de poids quand on sait que ces maladies sont 2 à 3 fois plus fréquentes chez les femmes après 50 ans.
Les derniers résultats de la recherche sont décevants.
La Women’s Health Initiative Study (WHI) est une étude américaine lancée en 1997 pour évaluer les bénéfices du THM standard donné aux États-Unis sur la santé cardiovasculaire et le risque de cancer. L’étude comparait le THM à un placebo. Et alors que les chercheurs s’attendaient à moins d’infarctus et d’accidents vasculaires cérébraux dans le groupe qui recevait l’association d’estrogènes et de progestérone, c’est le contraire qui s’est produit. Conçue pour aller jusqu’en 2005, l’étude WHI a donc été interrompue en juillet 2002. Il faut préciser cependant que les doses et les molécules utilisées, ainsi que les modes d’administration, sont différents de ceux préconisés pour le THM en France. Ceci n’enlevant rien aux inquiétudes suscitées par l’étude WHI, l’argument évoquant un possible bénéfice cardiovasculaire est donc abandonné jusqu’à preuve du contraire pour le THM français. En 2007, les résultats attendus de la grande étude de cohorte française, l’étude E3N, doit permettre de trancher.
THM : la défiance
D’après l’Association française pour l’étude de la ménopause (AFEM), en 2001, plus de 2 millions de Françaises bénéficient d’un traitement substitutif : elles représentent donc près de 20% de l’ensemble des femmes ménopausées ou plutôt deux femmes sur cinq entre 50 et 65 ans, car le nombre de femmes traitées après 65 ans est très faible (3% seulement). Chaque année, 400 000 Françaises “entrent” en ménopause. Mais si le nombre de femmes traitées augmente régulièrement (elles sont 7 fois plus nombreuses qu’il y a 20 ans), les chiffres en matière d’observance sont calamiteux : 8% des femmes seulement poursuivraient leur traitement au-delà de 2 ans. Elles invoquent généralement la peur de développer un cancer, la crainte de prendre du poids, les problèmes d’adaptation du traitement ou simplement la lassitude. Le THM rebute, inquiète et l’arrêt anticipé de l’étude américaine WHI a jeté le trouble un peu plus.
Hormones et vaisseaux
Selon les données de l’étude américaine WHI, le THM augmente le risque de maladies cardio-vasculaires. Pour 1000 femmes traitées pendant dix ans, il y aurait 7 cas supplémentaires d’infarctus du myocarde, 8 cas supplémentaires d’accident vasculaire cérébral, 8 cas supplémentaires d’embolie pulmonaire.
Le risque de thrombose veineuse peut augmenter.
Après la ménopause, le nombre de thromboses veineuses augmente. L’étude ESTHER, faite entre 1999 et 2004, a tout particulièrement analysé l’impact de la prise du THM sur cette pathologie chez les femmes françaises ménopausées âgées de 45 à 70 ans. Les résultats montrent que tout dépend du type de THM qui est pris. Le risque est augmenté systématiquement quand l’estrogène est pris par voie orale, qu’il y ait ou non un progestatif associé. En revanche, lorsque l’estrogène est pris par voie transdermique (sous forme de patchs), le risque dépend directement du progestatif associé. Il est augmenté lorsque c’est un progestatif de type norprégnane, identique à celui des femmes qui ne prennent pas de THM lorsque c’est de la progestérone naturelle micronisée ou un progestatif de type prégnane. À noter que l’existence d’autres facteurs de risque personnels, comme l’obésité, accroît l’effet délétère des estrogènes oraux.