Comme on l’a vu, le fait d’ignorer encore la cause exacte du SFC ou son mécanisme explique qu’il n’existe pas de traitement médicamenteux spécifique. D’où le nombre d’essais thérapeutiques engagés en fonction des origines. Bilan plus que mitigé.
Toutes les études en arrivent la même conclusion : il n’existe pas de traitement miracle du SFC, qu’il soit spécifique ou simplement axé sur le symptôme le plus mal supporté, la fatigue ! Pourtant, c’est précisément ce qu’attendent les malades qui en souffrent : un médicament qui les guérirait définitivement de cette fatigue qui empoisonne leur vie. Cette absence de médicament doit être bien expliquée au malade qui doit comprendre que l’amélioration du SFC ne peut donc se produire qu’avec une adhésion entière à la prise en charge multidisciplinaire proposée. Examinons les différentes pistes thérapeutiques, entre espoirs et déceptions.
L’inefficacité relative des anti-infectieux
Depuis sa description initiale, de nombreux traitements anti-infectieux ont été essayés, en aveugle pour la plupart, ou pour certains, en fonction du germe incriminé. Ils ont donc été essayés des antibiotiques lorsqu’une infection bactérienne était suspectée (rickettsioses, mycoplasmes, chlamydiae…), ou des antiviraux. Force est de reconnaître que si des améliorations discrètes ont parfois été observées sur les symptômes infectieux et même sur la fatigue, ces thérapeutiques n’ont pas vraiment eu l’effet escompté, à savoir une amélioration notable du SFC. De plus, ces traitements s’accompagnent d’effets secondaires propres aux anti-infectieux. Toutefois, il importe de traiter une infection dans la mesure où cette dernière risque d’accentuer la fatigue.
Corriger les troubles hormonaux
Ainsi que nous l’avons vu précédemment, des troubles hormonaux apparaissent occasionnellement lors d’un SFC. En effet, de nombreuses études concordantes font état d’un dysfonctionnement de l’axe hypothalamo-hypophyso-sur-rénalien. Chez certains, on constate même une baisse du cortisol sanguin. Des essais thérapeutiques ont donc été menés en prescrivant de l’hydrocortisone (une forme particulière de cortisol) à la dose de 10 mg/j. Les résultats ont été décevants en termes de bénéfices/risques (effets secondaires), même si une amélioration discrète a pu être constatée. Il en est de même de la DHEA et de l’hormone de croissance (GH) qui n’ont pas apporté le soulagement attendu.
Immunoglobulines et interféron
Cinq essais thérapeutiques utilisant des immunoglobulines (substances présentes dans le sérum sanguin constituant les anticorps et destinées à booster l’immunité) ont été pratiqués. Quatre s’avérèrent positifs. L’interféron s’est avéré décevant. Une autre molécule, l’Ampligen, est en cours d’étude. L’ampligen est une forme d’ARN destinée à agir au niveau de L’enzyme ribonucléase-L. Elle permettrait de limiter l’attachement et la multiplication virale. Les premiers résultats ne paraissent guère encourageants même si on a pu constater une augmentation des capacités d’exercice, de cognition et de mémoire.
Deux voies thérapeutiques d’avenir
Utilisation des anti -TNF alpha. On sait que la production exagérée de TNF provoque la fatigue, comme lors de la polyarthrite rhumatoïde par exemple. La prescription d’anti-TNF pourrait peut-être améliorer l’état de fatigue. Une piste non encore suivie.
Consommation d’acides gras essentiels, de vitamines et d’acides aminés. Des essais sont en cours et semblent encourageants. Il est toutefois encore trop tôt pour recommander une supplémentation, sauf en cas de carence nutritionnelle reconnue, d’autant que les surdosages en vitamines (D et A) ne sont pas sans danger !