La mémoire est la première fonction cognitive à être affectée par la maladie d’Alzheimer. Si ces altérations sont devenues problématiques, elles ne sont pas les seules à exister. L’entourage de la personne en décèle bien d’autres dès les prémices de la maladie.
La maladie d’Alzheimer débute le plus souvent par des troubles de la mémoire. La personne a du mal à se rappeler les événements qui se sont produits dans les heures ou les jours précédents et à mémoriser des nouvelles informations.
La mémoire des faits récents, c’est-à-dire la mémoire à court terme (ou encore mémoire de travail), est la plus précocement touchée. Rappelons qu’elle permet de maintenir en mémoire pendant un temps court (< 2 minutes) des éléments nécessaires à une opération cognitive. On en déduit que lorsqu’elle est atteinte de façon importante, de nombreux actes de la vie quotidienne sont perturbés.
La mémoire à long terme est altérée de façon différente selon que l’acquisition de cette mémoire est implicite ou explicite. Rappelons que le mode d’acquisition explicite se fait de manière consciente et volontaire (mémoire épisodique et mémoire sémantique), contrastant avec le mode implicite qui, lui, se fait sans effort d’acquisition par la répétition d’un geste (mémoire procédurale).
C’est la mémoire explicite qui est précocement altérée, gênant ainsi l’apprentissage. Plus précisément, au tout début de la maladie, c’est la mémoire épisodique qui est la plus altérée, plus que la mémoire sémantique, rendant difficile la conservation des épisodes de la vie du sujet, d’autant plus qu’ils sont récents.
L’entourage proche, le conjoint, les enfants sont rapidement sensibles aux troubles affectant le langage aussi bien écrit qu’oral. Les troubles du langage écrit s’observent à travers des fautes d’orthographe ou l’emploi de lettres capitales pour écrire son courrier. Les troubles du langage oral s’observent au cours des conversations. Il manque des mots. Un mot est utilisé à la place d’un autre.
La désorientation dans l’espace et le temps interpelle rapidement. Placée dans de nouveaux lieux, la personne se repère de plus en plus difficilement. Face à de nouvelles situations, elle a du mal à s’adapter. Pour pallier les dangers auxquels cette faiblesse l’expose, la personne ne s’éloigne plus de sa rue ou de son quartier. Elle a du mal à retenir la date du jour.
Le comportement et l’humeur se modifient sensiblement. Il s’agit plus souvent d’une apathie que d’une agressivité. La personne a de fréquentes sautes d’humeur. Souvent anxieuse, elle devient irritable, agressive, attitude renforcée par l’altération du sommeil. Parfois, prenant conscience de sa dégradation intellectuelle, elle développe une véritable dépression. La personnalité mute : tendance à s’isoler, à se replier sur elle-même. Les activités qui l’intéressaient auparavant sont abandonnées : plus de jardinage, plus de bricolage, la garde des petits-enfants n’allume plus aucune étincelle d’envie.
Je perds la mémoire, qu’en pensez-vous docteur ?
La plainte mnésique ne doit pas être banalisée mais écoutée et évaluée. les tests de mémoire ont été élaborés et affinés pour évaluer de la façon la plus pertinente et discriminante possible les altérations de ces différentes mémoires. Oui, on peut égarer ses clés, ses lunettes ou oublier de temps en temps un rendez-vous. Non, il n’est pas normal d’oublier régulièrement les prénoms de ses petits-enfants. les outils peuvent être minimisés ou niés. Mais contrairement à la perte de mémoire banale qui peut subvenir au cours du vieillissement naturel, ces troubles s’aggravent de façon progressive et irréversible.