La DHEA : hormone de la jeunesse ?
Voilà un produit très controversé. Alors faut-il en prendre ou non ?
La DHEA (ou déhydroéplandrostérone) est une hormone stéroïde fabriquée par les glandes surrénales. Elle circule dans le sang et l’organisme sous forme de sulfate de DHEA. Elle peut se transformer en estrogènes et en testostérone. On ne connaît pas encore exactement son rôle dans l’organisme. On la retrouve dans le cerveau, les surrénales, les ovaires, les testicules, les tissus graisseux, la peau et le sang. Juste avant la puberté, elle est fabriquée en grande quantité. À partir de 30 ans, sa production diminue régulièrement et à 70 ans, la quantité produite représente 20% de celle qui était synthétisée à 20 ans. Le boom de la DHEA aux États-Unis a commencé dans les années 1980. Aujourd’hui, seuls les États-Unis la considèrent comme un complément alimentaire. Elle y est donc en vente libre. En France, elle a le statut de médicament et n’est accessible que sur ordonnance. Cependant, l’Ordre des médecins déconseille sa prescription. Il est donc assez difficile d’en obtenir.
Que dit la recherche ?
Les recherches sur la DHEA sont très nombreuses. En France, le professeur Etienne-Émile Baulieu est le plus actif. Ses recherches ont montré que ce sont les femmes de plus de 70 ans qui en tirent le meilleur bénéfice. La DHEA améliore le métabolisme de l’os et diminue l’ostéoporose. Mais ça n’est pas tout : elle donne un vrai coup de jeune, en améliorant l’hydratation de la peau, la forme physique, l’humeur et la libido. De nombreuses études ont été menées. Malheureusement, presque toutes n’ont concerné qu’un petit nombre de personnes. Et en étendre les conclusions serait très prématuré. Ce sont simplement des pistes intéressantes.
Revue de détail :
◊ l’application de crème contenant 10% de DHEA a permis à 14 femmes de 60 ans d’améliorer leur qualité osseuse ; de là à conclure que la DHEA est un traitement de l’ostéoporose : non !
◊ le faible taux de DHEA dans le sang est corrélé au risque de dépression : de là à conclure que la DHEA est un traitement de la dépression : non !
◊ La prise de DHEA améliore le moral et la libido des femmes après la ménopause : de là à conclure que c’est un aphrodisiaque : non !
La DHEA est un médicament
N’oublions pas qu’elle est une hormone semi-synthétique. Elle peut se transformer dans le corps en estrogènes ou en testostérone. Il y a donc de possibles effets secondaires. Comme les estrogènes, elle peut en théorie favoriser le développement des cancers hormono-dépendants : cancer du sein et de l’endomètre. Comme la testostérone, elle peut donner de l’acné et de l’hirsutisme. La voix peut devenir plus grave. Elle peut faire baisser le bon cholestérol, induire une résistance à l’insuline et augmenter la tension artérielle. Les autres effets secondaires sont moins graves : douleurs abdominales, fatigue, maux de tête, congestion nasale. La DHEA est donc tout à fait contre-indiquée pour les personnes qui ont ou qui ont eu un cancer hormono-dépendant. Elle est également déconseillée aux personnes ayant une insuffisance hépatique ou rénale. Attendons la pousuite des études avant de consommer de la DHEA !
Et la DHEA naturelle ?
Dans le commerce, on trouve de la DHEA “naturelle”. En général, ce sont des extraits d’igname, de soja, de trèfle rouge. Si ces produits sont intéressants en tant que phytoestrogènes ou phytoprogestérone, ils n’augmentent absolument pas le taux de DHEA dans le sang. Il n’y a pas de DHEA naturelle !