Les promesses des plantes hormono-modulantes
Les phytoœstrogènes
Les plantes fabriquent naturellement des substances qui, une fois ingérées, miment les estrogènes. On les appelle phytoœstrogènes : les estrogènes des plantes. Ces molécules occupent aujourd’hui une place à part entière dans la panoplie thérapeutique de la ménopause.
Histoire d’une découverte
Au début des années 1940, une mystérieuse épidémie d’infertilité chez les brebis manqua de décimer les élevages de moutons du Sud-Est australien. Désespérés, au bord de la ruine, les fermiers mirent successivement en cause des mutations génétiques, les radiations et les pesticides. Il fallut attendre 1946 pour que le ministère australien de l’Agriculture identifie le responsable : la variété de trèfle (Trifolium subterraneum) que les éleveurs avaient planté quelques années plus tôt. Personne ne se doutait alors que cette plante fabrique naturellement des quantités considérables (5% de son poids sec) de substances qui, une fois ingérées, miment les hormones femelles. On les appelle phytoœstrogènes.
Dans les années 1950, deux de ces substances furent isolées : la génistéine et la daidzéine qui appartiennent à la famille des isoflavones. Elles sont synthétisées par de très nombreuses plantes, dont le trèfle et le soja. Mais l’intérêt de ces molécules pour la santé et le bien-être des femmes à la ménopause a été pressenti à la suite d’observations épidémiologiques dans les pays asiatiques. En effet, les femmes asiatiques souffrent très peu de bouffées de chaleur. Moins de 25% des Japonaises et des Chinoises s’en plaignent contre 85% des Nord-Américaines et 75% des européennes. Elles ont en outre beaucoup moins de maladies cardio-vasculaires, de cancers du sein et d’ostéoporose.
Les chercheurs ont essayé de trouver ce qui, dans le mode de vie des femmes asiatiques, pouvait expliquer cet avantage. Ils ont remarqué également que lorsque ces femmes émigraient aux États-Unis par exemple, en adoptant le mode de vie occidental, elles étaient touchées petit à petit par les mêmes problèmes que les femmes occidentales.
Les chercheurs en ont conclu que cette différence provenait certainement de l’alimentation des femmes asiatiques et en particulier de leur grande consommation de soja qui est l’aliment le plus riche en phytoœstrogènes.
Le soja : noble nourriture
Le plus ancien livre de la pharmacopée chinoise, “le Shen Nong Ben Cao”, parle déjà du soja vers 2700 avant JC. Le tofu fabriqué à partir du soja est depuis quatre millénaires à la base de la nourriture des Chinois. Il a été introduit au Japon et en Corée par des moines bouddhistes entre les IIe et VIIe siècles. À la cour de l’empereur Chinois, le tofu était reconnu comme une noble nourriture. Dans les pays asiatiques, le soja est une base de l’alimentation depuis plusieurs siècles : les protéines du soja constituent 20 à 60% des protéines totales consommées.
Où trouver les phytoœstrogènes
Ils sont présents dans plus de 600 plantes. Ils se répartissent en trois grandes familles :
♥ Les isoflavones : surtout présentes dans les légumineuses, notamment les fèves de soja, mais aussi les pois chiches, les haricots verts, le thé…
♥ Les lignanes dans les graines de céréales complètes, les graines oléagineuses (lin, olive, tournesol), dans les flageolets, les lentilles, les cerises, les pommes, les poires, le pamplemousse, l’ail…
♥ Les coumestans, de structure proche des isoflavones, sont présentes dans la luzerne et particulièrement dans les pousses de soja.