Au cœur de la plasticité cérébrale, deux concepts : celui de réserve cérébrale et de réserve cognitive. Ces concepts permettent de comprendre pourquoi la stimulation cognitive tout au long de la vie est un excellent moyen de prévenir la maladie d’Alzheimer.
Le concept de réserve cérébrale et réserve cognitive ont été développés principalement par l’américain Yakoov Stern 1998 – 1999. Le Dr Bernard Croisile, chef de service de neuropsychologie de l’hôpital neurologique Pierre-Wertheimer à Lyon, définit ces notions au cœur de la plasticité cérébrale.
La réserve cérébrale est une quantité passive en relation avec les éléments structuraux du cerveau. La taille et le poids du cerveau, le nombre de neurones et surtout, éléments les plus importants, le nombre de connexions entre les neurones (connexions synaptiques) et le nombre de dendrites entourant le noyau (qui porte le nom d’arbre dendritique).
En résumé, la réserve cérébrale représente les structures cérébrales disponibles, une quantité utilisable, un stock dans lequel un individu puiserait au fur et à mesure de ses besoins.
La réserve cognitive est un processus actif de neuroplasticité. Il correspond à une plasticité cérébrale adaptative, c’est-à-dire à la capacité qu’a un individu pour optimiser ses performances cognitives. Cette optimisation peut être le fruit du recrutement d’autres régions cérébrales, ou bien encore de l’utilisation de stratégies cognitives nouvelles ou alternatives, développées à partir des ressources cognitives habituellement utilisées.
En résumé, la réserve cognitive représente la capacité de mobilisation des réserves cérébrales, une réponse aux coups durs par des ressources opérationnelles supplémentaires.
Pourquoi la stimulation cognitive est-elle capitale tout au long de la vie ?
La stimulation cognitive précoce et intense apportée par l’éducation créerait une réserve cérébrale en augmentant le nombre de neurones et de synapses. Dans la suite de la vie, un entretien intellectuel régulier et varié permet de maintenir la réserve cognitive dans le temps. Toute occupation développée au cours de la vie stimule les capacités de planification, de créativité, d’initiative. Sur le plan cognitif, les activités renforcent les capacités de mémoire, de travail, de rapidité. Sur le plan cellulaire, elles augmentent l’arborisation dendritique et synaptique.
Quand des lésions cérébrales apparaissent
Si le cerveau a été fortement stimulé auparavant, les ressources cognitives compensent l’installation des lésions cérébrales qui altèrent la réserve cérébrale. Lorsque la maladie fait irruption dans le décours naturel de la vie et qu’elle a en face d’elle des connexions synaptiques d’une grande stabilité et d’une forte diversité, s’instaure alors une plus grande tolérance aux lésions dégénératives. La perception objective des déficits cognitifs est donc différée tout le temps. La maladie d’Alzheimer ne serait pas empêchée, mais l’expression de ses déficits serait retardée de plusieurs années. Ce qui constitue un immense progrès.