La capucine ou Tropaeolum majus L. (Tropaeolaceae), appelée aussi grande capucine, est une plante herbacée annuelle originaire d’Amérique du Sud. Elle a été introduite en France, en provenance du Pérou, vers la fin du XVIIe siècle et aussi en Hollande. Elle a été rapidement mise en culture en Europe en raison de la beauté de ses fleurs et à cause de ses propriétés aromatiques et médicinales. Les fleurs de couleur orange, jaune ou rouge embellissaient de nombreux jardins privés et publics.
Il semble qu’elles doivent leur renommée à Louis XIV (1638/1715) qui en offrait, sous forme de bouquet, à sa favorite Madame de Maintenon (1635/ 1719). Les fleurs et les feuilles sont comestibles et leur goût ressemble à celui du cresson de fontaine ou Nasturtium officinale R.Br (brassicaceae), d’où le nom de cresson du Pérou utilisé longtemps pour désigner la capucine. L’éperon de la fleur peut faire penser au capuchon de l’habit de moine, comme celui des capucins qui font partie de l’ordre des franciscains.
Le pape Clément VII (1478/1534) a approuvé cette congrégation en 1528 qui compte aujourd’hui encore environ 12 000 membres dans le monde. Capucine est aussi un prénom féminin utilisé assez souvent en France.
Propriétés thérapeutiques et constituants chimiques
Dès le XVIIIe siècle, la capucine a été utilisée pour la prévention et le traitement du scorbut. Ce qui a été justifié scientifiquement par la suite étant donné que ses parties aériennes (feuilles, tiges et fleurs) contiennent entre 300 et 320 mg de vitamine C pour 100g de matériel végétal frais. À titre de comparaison, 100g de pulpe de citron contiennent environ 50 mg de vitamine C et 1 dl de jus de citron frais une quarantaine de milligrammes. La première investigation phytochimique de la capucine a été réalisée en 1838 par le pharmacologue allemand Johannes Baptist Müller (1806/1894). Il a isolé une huile essentielle de couleur jaune, irritante pour le nez et les yeux, au goût très piquant, qu’il a qualifiée d’Antiscorbuticum.
À cette époque, la vitamine C n’était pas connue ! Il a fallu attendre 1914 pour qu’un laboratoire britannique établisse le lien entre une molécule (encore non identifiée) contenue dans certains fruits et légumes et le traitement du scorbut. Toutefois, ce n’est que vers 1930 que le scientifique hongrois Albert Szent-Györgyi (1893/1986) a isolé « l’acide hexuronique » qui était en fait l’acide ascorbique ou vitamine C. Il a reçu en 1937 le prix Nobel de physiologie ou médecine pour, entre autres, avoir découvert cette vitamine importante.
Après la Seconde Guerre mondiale, des études ont été entreprises en Allemagne sur le potentiel antibactérien et antiviral de la capucine qui contient, tout comme le raifort, des glucosinolates qui se transforment, sous l’action de l’enzyme myrosine, en essence de moutarde. Ces essences sont actuellement considérées comme antibiotiques naturels, n’induisant pas de résistances bactériennes. De plus, la capucine renforce le système immunitaire et peut en partie prévenir ou traiter les refroidissements et la grippe. Mais son indication thérapeutique principale reste dans le domaine des infections des voies respiratoires (bronchites et sinusites) et urinaires. Associée à la racine de raifort, son action antibactérienne est encore nettement augmentée. En usage externe, la capucine, à cause de son action antiseptique, permet de désinfecter des blessures légères et de favoriser leur cicatrisation. Sous forme de lotion, elle est préconisée contre la chute des cheveux et le traitement de l’acné.
Conseils pratiques
Les parties aériennes de la capucine (feuilles et fleurs) sont une excellente source de vitamine C (contenu 5 à 6 fois plus élevé que dans les agrumes). Manger de la capucine en salade peut être recommandé. Mais l’intérêt principal de cette plante réside dans son effet antibactérien qui permet de lutter contre les infections respiratoires et également des voies urinaires. Il est possible d’en faire des infusions : une cuillère à soupe de feuilles et de fleurs séchées dans une tasse d’eau bouillante. Boire cette tisane 3 fois par jour.
Lors d’infections respiratoires (sinusites et bronchites) ou en cas de cystites, on peut faire appel à un médicament dans lequel la capucine est associée à la racine de raifort. Ce médicament est en vite libre en pharmacie et droguerie. Pour le dosage, voir les instructions fournies par le fabricant.
Pour l’usage externe, on peut préparer une lotion de la manière suivante : laisser infuser 3 cuillères à soupe de fleurs et de feuilles séchées pendant 15 minutes dans 1,5 dl d’eau bouillante, puis filtrer. Appliquer la lotion refroidie ainsi obtenue 2 fois par jour su le cuir chevelu lors de chutes de cheveux. En cas d’acné, tamponner 2 fois par jour la partie affectée du visage, en évitant bien entendu les yeux.
Contre-indications et effets indésirables
La capucine ne devrait pas être consommée par les femmes enceintes et allaitantes. A fortes doses, elle peut provoquer des irritations gastriques, intestinales ou rénales. Ne pas dépasser les dosages recommandés.