Pour un programme réussi d’amélioration de la mémoire

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Le Dr Bernard Croisile, chef du service de neuropsychologie de l’hôpital neurologique Pierre-Wertheimer de Lyon, souligne les points fondamentaux à connaître avant d’entamer une démarche d’entretien ou d’amélioration de la mémoire.

Quelles sont les attitudes favorables ?

Elles ne sont pas spécifiques de la démarche d’entretien ou d’amélioration de la mémoire. Elles sous-tendent tout acte d’apprentissage et de mémorisation, quel que soit l’âge.

Les différentes techniques pour améliorer la mémoire requièrent de la motivation et de la concentration. Ces deux attitudes sont donc des prérequis. Premier maître mot : la motivation. Notre mémoire n’est pas universelle et omnipotente. Nous n’avons pas à rougir de ne pas mémoriser les noms de vainqueurs du 100 m nage libre aux Jeux Olympiques si le sport, et particulièrement la natation, ne soulève pas d’intérêt chez nous. L’intérêt qu’offre l’exercice, la motivation à apprendre des stratégies pour s’en sortir au quotidien composent les moteurs d’une démarche réussie.

Second maître mot : la concentration. Faire des exercices en pensant à notre chose, il vaut mieux ne rien faire. Notre institutrice nous le disait déjà. Rien ne change à 60 ans d’intervalle ! D’autant plus que se concentrer est devenu difficile. Il vaut mieux plusieurs fois un petit laps de temps de concentration, plutôt qu’un grand laps de temps et distrait.

Quels sont les écueils ?

Il ne faut pas s’imaginer que du fait de l’amélioration d’un domaine de la mémoire (par exemple la mémoire des noms), tous les autres domaines (par exemple la mémoire visuo-spatiale) vous être améliorés. Les améliorations se font dans le domaine où l’on s’entraîne, sans générer aucun perfectionnement automatique ailleurs. Devenir excellent en Scrabble ne veut pas dire que l’on va savoir jouer aux échecs. C’est pour cela aussi qu’il faut veiller à ne pas s’enfermer dans un type d’activité. Il est faux de penser que faire des mots croisés toute sa vie va entretenir sa mémoire. C’est développer une habileté à comprendre les définitions. Le changement, les nouveautés, les nouvelles expériences sont quant à elles le gage d’une mémoire active, car correctement entretenue.

Autre point important : l’adéquation entre exercice et nécessité quotidienne. Les exercices entrepris doivent impérativement chercher à résoudre les difficultés quotidiennes. Apprendre les poésies par cœur ne va pas aider à retrouver ses lunettes ; il vaut mieux s’astreindre à les ranger toujours au même endroit. Faire apprendre des vers à une personne de 90 ans est démuni de pertinence dans son vécu quotidien. Faire en sorte qu’elle retienne le trajet entre sa chambre et la salle à manger ou encore qu’elle réapprenne le nom de ses enfants, oui, cela est pertinent et participe à son quotidien.

Quelle est la portée des exercices pour la mémoire ?

Un entraînement au moyen d’exercices améliore parfois sensiblement et rapidement les performances. Le point fondamental est le transfert de cette compétence au quotidien. En effet, si on entreprend d’améliorer sa mémoire, c’est parce que dans le quotidien, on a du mal avec la mémoire des visages, ou des rues, ou des rendez-vous, ou de ce que l’on vient de lire. Les exercices réalisés proposent des stratégies pour réparer ce manquement. Leur transfert dans la vie quotidienne de la personne nécessite un travail conscient de sa part. Autrement dit, si l’on décide d’améliorer sa mémoire, il faut aussi décider au départ de transférer dans sa vie quotidienne les stratégies apprises.

 

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