Différentes études réalisées chez des individus sains ont relié la pratique d’une activité physique régulière à la minoration du risque de développer la maladie d’Alzheimer. Quels mécanismes sous-tendent un tel effet protecteur ?
- La première explication va de soi : exercer son corps, c’est aussi exercer son cerveau, puisque le cerveau est central dans la réalisation et la coordination des mouvements.
- Une hypothèse originale tire son origine du constat qu’avec l’avancée en âge, la rythmicité biologique jour-nuit se dégrade. Un cercle vicieux négatif se met en place qui a pour résultat final la dégradation de l’efficience cognitive et psychomotrice. En effet, au cours du vieillissement, l’alternance veille-sommeil est profondément affectée. Cela retentit la nuit, où la qualité du sommeil nocturne se dégrade, conduisant à des insomnies et à un mal-être. Cela retentit le jour où vigilance et attention diminuent, ce qui conduit a de la somnolence et à une augmentation des risques d’accident domestique et de chute. Dans ce contexte, l’équipe du Pr Damien Davenne, de l’université de Caen, a démontré que l’activité physique, en jouant le rôle d’un véritable synchronisateur des horloges qui pilotent les rythmes jour-nuit, est capable de mettre fin à ce cercle vicieux, en instaurant à la place un cercle vertueux.
Mieux que l’intensité, la diversité !
En 2001, une étude épidémiologique menée aux Etats-Unis démontrait que l’effet protecteur n’était pas seulement lié à l’intensité de l’effort accompli mais aussi à la diversité (marche, danse, gymnastique, natation, vélo, aérobic, golf….) des activités pratiquées. Comme si ce n’était pas nécessairement l’énergie déployée mais plutôt la diversité qui comptait.
Plusieurs paramètres ont été enregistrés chez deux groupes de personnes (moyenne d’âge, 68 ans, à la retraite, en relativement bonne santé, plutôt intellectuelles que physiques). Ces personnes ont été placées dans les mêmes conditions matérielles et sociales (activité de groupe, trois fois par semaine, même lieu, même durée 1 h 30) à l’exception de l’activité physique. Une moitié du groupe seulement devait pratiquer une activité modérée de type gymnastique volontaire, adaptée en intensité au niveau de chacun. Premier paramètre étudié : le sommeil (quantité et qualité). Puis la cognition : évaluation intellectuelle globale, attention, mémoire de travail, mémoire déclarative, apprentissage associatif. Enfin, les autres rythmes circadien : hormones, température, stress.
Chez les personnes appartenant au groupe “activité physique”, l’appréhension de s’y remettre fait place au plaisir de se sentir bien. Le sommeil est rapidement amélioré. Les nuits sont de meilleure qualité, les journées suivantes aussi. Il y a même réapparition d’ondes lentes signant l’existence d’un sommeil lent profond, catégorie de sommeil qui se fait habituellement rare chez la personne âgée. L’attention s’améliore de manière flagrante et la température corporelle présente une amplitude plus marquée, participant à l’alternance plus nette entre jour et nuit. L’évolution positive de l’ensemble des paramètres tend à mettre en relation l’activité physique et le statut cognitif par l’intermédiaire de sa potentialité synchronisatrice jour-nuit, c’est-à-dire d’une gestion plus efficace des périodes d’activité et de repos de l’organisme.