Le syndrome d’Apnées du sommeil (SAS) est une maladie relativement “jeune” puisque sa définition ne remonte qu’à 1976. Pourtant, elle est assez répandue, touchant 2 à 4% des adultes.
Dyonysius, monarque d’Héraclée
Les troubles respiratoires du sommeil étaient déjà bien connus dans l’Antiquité. Ainsi, Dionysius, monarque d’Héraclée, en Asie Mineure, était sans aucun doute atteint d’apnées du sommeil. Les chroniqueurs grecs le décrivent comme fortement obèse, s’essoufflant de plus en plus en prenant du poids et sujet à de nombreuses crises de suffocation, en particulier durant son sommeil.
Le traitement prescrit par les médecins était plutôt étrange. Pour maintenir éveillé ce cher Dionysius, ils introduisaient des aiguilles dans son abdomen. Les aiguilles devaient être assez longues pour pouvoir traverser le tissu graisseux, insensible à la douleur. Lorsque ces aiguilles atteignaient enfin les zones musculaires, la douleur était si vive que le roi se réveillait en sursaut. Obèse, ronfleur et somnolent, Dionysus présentait déjà toutes les caractéristiques du SAS.
Charles Dickens et le syndrome de Pickwick
Dans sa première nouvelle, publiée en 1836, Charles Dickens nous a laissé une description détaillée des symptômes cliniques du SAS par le biais de son personnage le jeune Joe. Capable de s’endormir à tout moment, Joe est un énorme mangeur, sévèrement obèse, qui s’assoupit immédiatement après le repas, voire avant, en ronflant bruyamment. Pendant la journée, il est plutôt “ralenti”, ses pieds sont gonflés, son visage rougeaud et bouffi. Affublé de toutes les caractéristiques du SAS — ronflement, somnolence et troubles de l’attention – Ce personnage présente déjà des signes d’insuffisance et cardiaque (le visage bouffi et les pieds gonflés).
À ce jour
Le vrai SAS n’a été individualisé en tant qu’entité clinique à part entière qu’en 1976. C’est à Christian Guilleminault que revient la description détaillée du syndrome. Alors que les apnées du sommeil étaient déjà connues à l’époque, Guilleminault a eu le mérite de définir le SAS en se basant sur un paramètre quantifiable : l’Indice d’Apnées. Cet indice correspond au nombre d’apnées par heure de sommeil et permet de distinguer le SAS du simple ronflement. Sachez que tout sujet obèse qui ronfle n’est pas nécessairement victime de SAS !
Dans les années 80, de nouvelles avancées technologiques, comme la polysomnographie et l’enregistrement des sons respiratoires, nous ont aidés à mieux comprendre tant le SAS que le ronflement simple. Durant cette période, les premiers essais thérapeutiques avec la “ventilation en pression positive” se sont soldés par des résultats très encourageants : le traitement “moderne” du SAS était né.
PolysomnographieLa polysomnographie est une technique qui enregistre simultanément de multiples signaux physiologiques durant le sommeil. Indolore pour le patient, cet examen est très contraignant pour le personnel soignant. Il nécessite la mise en place de nombreuses électrodes, qui transmettent des signaux neurophysiologiques. Ces signaux permettent de reconnaître les différents stades su sommeil et de décrire son architecture.