La plainte mnésique émane de la personne elle-même ou de son entourage. S’agit-il du déclin normal des capacités mnésiques accompagnant le vieillissement ou un déficit anormal lié à la maladie ? Les tests aident à distinguer les deux situations.
Premier signe potentiellement précurseur : la plainte mnésique. À partir du moment où la personne et son entourage observent certains troubles cognitifs, essentiellement troubles de la mémoire, le risque de voir se développer une maladie d’Alzheimer est multiplié par 2 ou 3 par rapport à ceux qui ne se plaignent pas de leur mémoire. Or, il est possible d’agir à ce stade afin de pallier les troubles cognitifs et donc de retarder la maladie.
La plainte cognitive globale laisse ensuite place à un déficit cognitif, certes léger, mais qui peut être révélé et évalué cliniquement par des tests neuropsychologiques. Ce déficit (ou désordre) cognitif léger se traduit en anglais par Mild Cognitive Impairment (MCI). La difficulté repose dans la diversité de ses origines possibles. En effet, d’autres pathologies se manifestent aussi par un “Mild Cognitive Impairment”, par exemple les lésions vasculaires ou les troubles tels que l’anxiété, la dépression. Les récents travaux du Consortium européen sur la maladie d’Alzheimer, dont font partie les Prs Jacques Touchon de Montpellier et Bruno Vellas de Toulouse, donnent les outils pour un diagnostic différencié en le centrant sur l’évaluation clinique, comportant des tests neuropsychologiques couplés à un entretien avec la famille, orientée sur toutes les fonctions cognitives, pas seulement sur la mémoire.
Définition de nouveaux critères diagnostiques
1984. C’est la date à laquelle les premiers critères diagnostiques de la maladie d’Alzheimer ont été posés, définissant la maladie par l’entrée dans la démence. Autrement dit, il fallait que la maladie soit sévère pour être diagnostiquée. Pourtant, les troubles cognitifs existent bel et bien avant la démence et les ignorer fait perdre des chances d’interventions.
Aujourd’hui de nouveaux critères sont proposés par un groupe de travail international coordonné par le Pr Bruno Dubois de l’hôpital Pitié-Salpétrière de Paris. Ils doivent permettre de détecter la maladie à un stade précoce, avant tout signe de démence.
L’imagerie cérébrale participe au diagnostic précoce
La tendance aujourd’hui consiste à essayer de caractériser au mieux l’Alzheimer au stade prédémentiel : évaluations neuropsychologiques, analyse de biomarqueurs (molécules spécifiques dans le liquide céphalorachidien) et…. imagerie cérébrale.
- Si l’électroencéphalogramme (EEG) est constamment anormal dans les maladies d’Alzheimer évoluées, sa sensibilité dans les stades précoces est augmentée par un procédé technique, l’analyse quantifiée du signal.
- L’IRM en revanche est très intéressante aux stades précoces car elle permet d’étudier les régions qui sont les premières touchées, c’est-à-dire celles de l’hippocampe. Grâce à cet examen, le médecin visualise l’atrophie sélective de ces structures.
- Mieux que l’atrophie des structures, l’atrophie des fonctions ! C’est l’information que permet d’atteindre l’IRM fonctionnelle. Elle évalue indirectement le métabolisme cérébral et montre les zones les moins fonctionnelles lorsque le sujet effectue des tâches particulières. Pour le moment, cet examen est réservé aux centres de recherche.
- Le métabolisme des structures cérébrales renseigne sur leur état d’activité. Renseignement particulièrement précieux pour des structures précocement affectées par la maladie telle que l’hippocampe. La tomographie d’émissions de positions (PET-scan) permet d’accéder à cette information mais n’est pas encore pratiquée couramment, faute d’équipement.